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vrai martyre, c’était quand vous me parliez de Victimes. Je crois, mon Père, que si j’avais pu je vous aurais défiguré. Des Victimes!... Moi former d’autres Victimes! ... Cette pensée m’obsédait et cette idée m’était épouvantable, sans que je puisse me rendre compte pourquoi.
D’un autre côté, plus j’avançais, plus je croyais voir que l’Œuvre du Bon dieu s’avançait et touchait à sa fin. Je sentais naître en moi ce désir d’immolation et une soif ardente de trouver des cœurs assez généreux pour les offrir à Notre Seigneur. Alors je croyais sentir comme quelque chose qui transperçait mon cœur d’amour pour le Cœur de Jésus tout outragé. Tout cela, bon Père, me faisait horriblement souffrir et je cherchais à détourner toutes ces pensées; et plus je les fuyais, plus elles étaient présentes et vivantes en moi. Et alors, bon Père, pour me venger, je maudissais le jour où j’avais été à Pellevoisin. Je m’en prenais aussi à M. le Curé que je détestais de tout mon cœur et je me disais: heureusement que Mme de La Rochefoucauld a la clef de tout cela et qu’elle ne la lâchera pas! Et puis, si je pouvais échapper au Père, tout cela finirait. Enfin, bon Père, une foule de pensées plus insensées les unes plus que les autres m’agitaient et me rassuraient tour-à-tour. Et le bon Dieu agissait