François de Bouliers

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D’une famille originaire du Piémont, établie en Provence depuis le XIVème siècle, il est le fils de Philibert de Bouliers, seigneur de Mane et de Claude de Valpergue. Il était parent du cardinal Jean du Bellay (1492-1560). Licencié en droit canon, il fut chargé de diverses missions diplomatiques à partir de 1552, où il apparaît habituellement sous le nom d’abbé de Manne. Il était en faveur à la cour, en particulier auprès de Diane de Poitiers. Il avait été pourvu de bonne heure de bénéfices variés : l’abbaye de Blanchelande au diocèse de Coutances dont il est le premier abbé commendataire en 1557, qu’il résigna quand il reçut en commende l’abbaye de Lérins le 3 octobre 1575, l’abbaye de Notre-Dame de Bonport au diocèse d’Evreux et le prieuré de Bouche d’Aigre au diocèse de Chartres. Dans son activité diplomatique, il faut noter durant l’été 1560 son ambassade auprès de Pie IV qui s’apprêtait à lever la suspension du concile de Trente et dans cette perspective voulait sonder les princes. L’abbé de Manne fut envoyé à Rome pour plaider entre autres le droit du roi à convoquer les évêques alors que le Saint-Siège redoutait la tenue de conciles nationaux, et pour marquer de la répugnance à l’égard d’une simple continuation du précédent concile. Il est élu député à l’une des toutes premières assemblées du clergé de France, celle de Melun (1579-1580) où il côtoie parmi les délégués de la province d’Aix, outre l’archevêque Alexandre Canigiani et le vicaire général de Sisteron, celui qui sera son successeur sur le siège de Fréjus, le chanoine Gérard Bellenger. Lorsque dans l’après-midi du 22 septembre 1579, on vérifie dans la salle de la librairie du couvent des carmes de Melun les procurations des délégués à cette assemblée, celui qui avait été élu et enregistré comme « Révérend Père en Dieu Messire François de Bouliers, Sieur de Mane, abbé de Saint Honoré de Lérins » sait qu’il vient d’être désigné par Henri III pour l’évêché de Fréjus et en a même déjà reçu la collation canonique par Grégoire XIII le 22 mai 1579 (il est curieusement qualifié de « prêtre du diocèse de Turin » dans ses bulles de nomination). Il a même, comme évêque nommé, été présent à la procession de la Fête-Dieu à Aix, à laquelle avait assisté la reine mère, Catherine de Médicis venue présider à la paix qui y avait enfin été signée entres les partis qui déchiraient jusqu’alors la Provence. Le 3 octobre, il fait prendre possession de son siège et doit attendre probablement le congé de Noël (l’assemblée du clergé ne prendra fin que le 31 janvier 1580) pour faire son entrée à Fréjus, le 23 décembre 1579. Par la suite, il passera plus de temps au château des Arcs qui appartenait à son parent, Gaspard de Villeneuve, ou à celui de Cannes dont il disposait comme abbé de Lérins. Il fut surtout absorbé par un long procès qui le retint des années à Paris en vue d’obtenir confirmation de sa juridiction exclusive sur la ville de Fréjus contre ses habitants, ce qu’il obtiendra par arrêt du Grand Conseil 29 mars 1586. Durant ce temps, François de Bouliers déclarant ne pouvoir remplir les fonctions épiscopales « à cause des empêchements légitimes qui (le) retiennent pour raison de la détention et conservation des droits de (son) évêché », ce fut l’évêque de Vence, Audin Garidelli qui célébra les fêtes pascales à la cathédrale, procéda aux diverses ordinations et visita en trois mois les soixante-deux paroisses du diocèse, y découvrant les ruines matérielles et spirituelles accumulées par des années de conflit. Mécontents de l’arrêt du Grand Conseil rendu en leur défaveur, les consuls de Fréjus ouvrirent les portes de la ville au chef de la Ligue qui multipliait les hostilités contre le parti royal, Christophe de Villeneuve : les bourgeois et les chanoines favorables à l’évêque furent chassés de la ville, l’un d’eux fut même assassiné. La répression fut terrible. Réunis à l’église Saint-François-de-Paule le 22 septembre 1588, les notables durent promettre de vivre dans la concorde. Les ligueurs ne l’entendirent pas de cette oreille, qui continuèrent meurtres et pillages à partir et tout autour de la ville. On comprend que l’évêque n’y revint jamais, s’étant réfugié à Sisteron chez sa parente Marthe de Bouliers, prieure des Clarisses ; c’est là qu’il mourut le 22 novembre 1591. Il fut enseveli dans leur chapelle.

In Chapitre du diocèse de Fréjus-Toulon